Ce célèbre petit
cheval noir, champion olympique de saut d'obstacles, a séduit les
foules. C'est avec son propriétaire, Pierre Durand, qu'il a remporté
quantité de médailles. Mais tous ceux qui l'ont monté
lui reconnaissent des qualités extraordinaires.
Jappeloup ne possédait pas
des origines éblouissantes. Il n'avait pas non plus un modèle
classique de CSO. Pourtant, il est devenu l'un des plus grands chevaux de
concours hippique de tous les temps.
Jappeloup de Luze est né
en 1975 dans un petit élevage français. Le père du
champion, Tyrol, était un trotteur français, sa mère,
Vénerable, un pur-sang. On a souvent dit que ce croisement pouvait
donner d'excellents résultats... Jappeloup en est la preuve. Il a
hérité de l'équilibre, du courage et de la solidité
des trotteurs, ainsi que de leur puissant coup de jarret. Il a pris aux
pur-sang un tempérament vif, ardent et facétieux (pas toujours
facile !).
L'éleveur de Jappeloup,
Henri Delage, croit posséder un bon sauteur. Il le montre à
Pierre Durand, qui n'est pas emballé. "Trop petit" déclare
t-il, déclinant même la proposition de l'essayer. A 4 ans,
Jappeloup mesure 1.55 au garrot - rien à voir avec la pointure habituelle
des chevaux qui raflent les médailles sur les terrains de CSO.
Un an plus tard, Pierre Durand
revoit le cheval sur un terrain de concours. Le cavalier a bien du mal à
contrôler sa monture, mais le coup du saut exceptionnel de Jappeloup
est évident. Pierre Durand contacte donc Henri Delage. Peu de temps
après, Jappeloup de Luze s'installe dans les écuries du cavalier
à Saint-Seurin. et son entraînement commence. Un entraînement
laborieux et sévère : Pierre Durand est ambitieux et volontaire,
Jappeloup indiscipliné et plein de fantaisie.
Voilà la cadre exceptionnel dans
lequel Jappeloup va passer le reste de sa vie.
La saison suivante, les spectateurs
découvrent les bonds du futur champion aux épreuves de jeunes
chevaux de Fontainebleau. Il se classe dixième des chevaux de 6 ans,
avec quelques parcours remarquables. Un an plus tard, en 1982, âgé
de 7 ans, Jappeloup de Luze devient champion de France. Il n'a commis aucune
faute pendant les 3 tours de l'épreuve ! Il est intégré
à l'équipe de France : une carrière internationale
s'ouvre à lui.
De coupes des Nations en Grands
Prix, Jappeloup apprend le métier. Il est sélectionné
pour les Jeux Olympiques de Los Angeles de 1984. Hélas, pendant l'épreuve
par équipe, le cheval refuse, jette son cavalier à terre,
parvient à retirer sa bride et s'enfuit vers les écuries.
Mortifié, Pierre Durand doit traverser l'immense terrain sous l'oeil
de million de spectateurs. La chute est retransmise en mondovision ! Après
sa chute, Pierre Durand essuya de nombreuses critiques. Mais malgré
les mauvaises langues et les nombreuses offres d'achat, Pierre Durand conserva
Jappeloup.
Jappeloup a conservé la
tête caractéristique du trotteur : importante avec un regard
vif et doux à la fois, une ossature marquée et un bout de
nez bien carré. Et surtout, une tête bien pleine !
Lors de ses premières années
de concours, Jappeloup, plein d'une ardeur juvénile, n'ajustait pas
toujours son saut : de puissantes poussées des jarrets l'envoyaient
loin au dessus des obstacles. Cette générosité risquait
de l'user prématurément. Pierre Durand l'entraîna beaucoup
sur des obstacles rapprochés afin de l'inciter à mieux ajuster
son effort.
"Jap" avec son ancienne palefrenier qui était
une amie de ma mamie !!! Voilà pourquoi j'ai des photos personnelles
du champion.
Aux jeux olympiques, Jappeloup
a subjugué des millions de spectateurs et de téléspectateurs.
Après cet événement, et malgré son refus, il
devient l'un des chevaux favoris du public.
Cheval et cavalier reprennent le
travail et enchaînent les grandes épreuves. En 1986, Jappeloup
remporte une dizaine de victoires (Coupes des Nations et Grands Prix). Le
couple manque la première place au Championnat de Monde, mais Jappeloup
se distingue sous la selle des différents cavaliers de l'épreuve
tournante. Et, en 1987, il rafle le titre de champion d'Europe !
Arrivent les Jeux Olympiques de
Seoul, en 1988. Jappeloup enchaîne les parcours dans un style irréprochable,
avec une générosité qui arrache au public déjà
conquis des ovations. Après un sans-faute qui rapporte la médaille
de bronze à l'équipe de France, Jappeloup est encore sans-faute
en individuel : la médaille d'or est pour lui ! Vraiment pour lui,
puisque Pierre Durand, pour le remercier, lui passe la médaille sur
le poitrail.
A Seoul, Jappeloup a 13 ans. Voilà
plus de 7 ans qu'il se distingue sur les parcours de saut d'obstacles, donnant
tout ce qu'il peut à son cavalier - non sans fantaisie et non sans
caprice, mais avec courage et un dynamisme époustouflants.
Sa carrière s'achève
en septembre 1991 lorsque Pierre Durand lui accorde enfin une retraite bien
méritée. Hélas le champion en profite peu : trois mois
plus tard, il est terrassé par une crise cardiaque.